Les premiers historiens associent Paul Gauguin au génie moderne, quand ses paires l'accusaient de plagiat... Les historiens postmodernes et féministes le dépeignent en misogyne colonialiste et opportuniste. Plus récemment, des études l'associent à un proto-postcolonialiste remettant en cause la sexualité hétérosexuelle européenne.
À méthodologies distinctes, interprétations divergentes qui magnifient la richesse de la production de Paul Gauguin.
Lecture conventionnelle Pour les historiens modernistes dont l'influent Clement Greenberg, Paul Gauguin est un précurseur d'abstraction. Original, sauvage, martyr, il aligne les conditions psychologiques de l’artiste d’avant-garde. Son traitement des formes en aplat, son affranchissement des couleurs locales, ses distorsions perspectivistes le consacrent au panthéon des modernes.
Lecture féministe et postcoloniale Gauguin est un opportuniste, copiant ses pairs sans vergogne un plagiaire, piratant les arts polynésiens un colon, misogyne et pédophile qui abuse de jeunes tahitiennes et marquisiennes
Lecture anthropologique L’outil psychanalytique freudien et lacanien viennent corroborer la lecture féministe et postcoloniale. Pourtant, Gauguin n’est pas insensible à un discours qui rappelle notre XXIe post-genré et post-occidental par sa ré-appréciation des arts polynésiens et par son discours critique à l'égard du stéréotype de la femme européenne.
Griselda Pollock, Avant-garde Gambits, 1888-1893: Gender and the Color of Art History, Thames and Hudson, 1993
Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Seuil, 1952
Stephen F. Eisenman, Gauguin's Skirt, Thames & Hudson, 1999
Bronwen Nicholson, Roger Neich, Gauguin and Maori Art, Univ of Washington pr, 1995
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