Olympia et Un bar aux Folies Bergère

Deux chefs-d'œuvre d'Édouard Manet

Olympia et Un bar aux Folies Bergère d'Édouard Manet sont des toiles si familières qu'elles en auraient presque perdu leur mystère. Qu'en est-il d'Olympia ? Pourquoi ce qui n'était finalement qu'un nu parmi tant d'autres devait déclencher le tollé le plus virulent que Paris, capitale de la prostitution, ait alors connu ? Histoire d'un triple tabou, philosophique, bourgeois et sexuel.

Quant au Bar, qui est cette jeune femme luxueusement vêtue mais occupant la fonction de serveuse aux Folies Bergère ? Comment se situe-t-elle par rapport au spectateur ? au client ? Le saura-t-on jamais ? La richesse du tableau réside aussi dans la multitude des interprétations possibles.

Ces deux chefs-d'œuvre de l'art occidental fascinent ; Manet ne cesse aujourd'hui encore de surprendre. Hommage au maître.

Avec Olympia et Un bar aux Folies Bergère, Édouard Manet essuie son second et dernier lynchage médiatique.
1. Olympia, critique et premier tabou

Olympia, un tabou philosophique La critique crie au dévoiement du nu académique, cet exercice que seuls les grands esprits abstraits sont censés maîtriser. En parodiant le nu avec son Olympia, Édouard Manet dénonce l'hypocrisie de ses contemporains plus voyeurs qu’intellectuels.

2. Olympia, second et troisième

Olympia, un tabou sexuel et social Les mœurs bourgoises imposent à l’épouse un régime de sévère pudicité tandis qu’une prostitution compensatoire, que l’on souhaite cachée, assouvit besoins et fantasmes. En confondant la prostituée commune et le nu en la figure d’Olympia, Manet met en peinture l’échec de la politique d’endiguement de la prostitution et les contradictions de la sexualité bourgeoise.

3. Un bar aux Folies Bergère, interprétations itératives

Un bar aux Folies Bergère Les incohérences visuelles du tableau, que caricaturistes et critiques dénoncent en 1880, consacrent pourtant Édouard Manet en maître de son art. Peinture religieuse ou postmoderne avant l’heure, Un bar couronne la carrière d’un peintre qui clôt une tradition héritée des perspectivistes de la Renaissance et ouvre à la postmodernité, laquelle interroge la place du spectateur dans son rapport à l'œuvre.

Splendeurs et misères : image de la prostitution, 1850-1910, Orsay, Flammarion, 2016

Julia Kristeva, Visions capitales, Fayard, 2013.

Timothy James Clark, Image of the People – Gustave Courbet and the 1848 Revolution, Thames and Hudson, 1973

Bradford R. Collins ed., Twelve Views of Manet's Bar, . Princeton Series in 19th Century Art, 1996

Michel Foucault, La Peinture de Manet, Conférence à Tunis, 20 Mai 1971

Art d'Histoire

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