L'homme moderne porte le noir, abandonnant à la femme les artifices du beau vêtement. Le degré d'évolution d'une civilisation se mesurant, affirment alors les sciences, à la capacité des sexes à se distinguer. Dans ce contexte, comment expliquer l'engouement pour une esthétique androgyne ? L'homosexualité fait peur ; elle est affirme-t-on, une forme de dégénérescence psychique que les gouvernants eurent tôt fait d'assimiler à un comportement criminel.
Or, cette époque célèbre autant qu'elle condamne l'ambiguïté sexuelle masculine ; la peinture fin de siècle se prêtant au jeu des confusions hypocrites.
On passera en revue quelques unes des grandes figures androgynes de l'époque, dont les peintures de Simeon Solomon et les illustrations du livret de Salomé d'Oscar Wilde par le brillant Aubrey Beardsley.
Le culturisme La virilité est mise à mal par la sédentarisation des modernes. En restaurant le muscle, on sauve l’avenir de la France, car le corps masculin régénéré par le sport enfantera de petits êtres vigoureux et intelligents. Soulever haltères et poids s'érige en exercice patriotique.
L’androgyne, favori Fin de siècle Curieusement, cette société adule la figure androgyne. On fantasme la fusion des âmes masculines et féminines, la beauté féminine est portée par des canons masculinisés tandis que l’éphèbe efféminé incarne le beau viril.
Simeon Solomon, Oscar Wilde et Aubrey Beardsley Les premières théories queer sont publiées, on assiste aux premiers coming out. Pourtant, Simeon Solomon et Oscar Wilde revisité par le talentueux Aubrey Beardsley sont ostracisés par ceux qui les admirent : pathétique contradiction d'une société victorienne adoratrice d'éphèbes mais exécutrice de ses plus talentueux invertis.
Shearer West, Fin de Siècle, Overlook press, 1994
Elaine Showalter,Sexual Anarchy: Gender and Culture at the Fin de Siècle, Viking, 1990
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